L’Union pour la défense des sinistrés de Souapiti (UDSS) a animé ce lundi, 22 juillet à la maison commune des journalistes à Kipé une conférence de presse pour faire part à l’opinion publique des inconvénients du barrage hydroélectrique de Souapiti (en construction à Dubréka d’une puissance de 450 mégawatts) sur les populations riveraines. Depuis deux mois qu’elle est créée, l’UDSS est une initiative de quelques ressortissants et d’autres riverains des localités concernées par le projet Souapiti. Elle vise à défendre les intérêts des populations riveraines du site du barrage hydroélectrique. Ils sont les populations issues des villages des localités de Labaya, dans Tondon à Dubréka, Tènen dans Kindia et Soubékourou dans Télimélé. Depuis la mise en place du projet de construction du barrage hydroélectrique, ces populations riveraines du site du barrage se disent sinistrées. Il y en a parmi elles qui doivent être déplacées de leurs villages, il y en a qui ont été déplacés et il y en a qui doivent accueillir dans leurs villages les populations déplacées. « On n’a pas un lieu pour le travail, on n’a pas un lieu pour nos élevages et nos cultures, on n’a pas d’eau, cette eau qu’on a est impropre à la consommation, les habitations qu’ils nous ont construites sont mal faites. La façade est belle mais une fois à l’intérieur on se rend compte tout de suite, qu’elle a été réparée. Depuis notre déplacement, l’équipe est allée nous voir qu’une seule fois. Le montant inscrit sur l’enveloppe d’assistance n’est pas celui dans l’enveloppe. Aussi, nous n’avons pas retrouvé nos soubassements, nos bâtiments qu’on a commencés à construire, école primaire, hôpital… Il y a eu beaucoup de manquants », raconte Thierno Bella Diallo, président de la jeunesse de Madina-Tayiré. Me Oumar Aissata Camara est le 2ème vice-coordinateur et porte-parole de l’Union dénonce cette situation inadéquate dans laquelle vivent ces populations. « Nous dénonçons tout simplement d’abord la mauvaise qualité de l’information que le projet a donnée à l’encontre de nos populations. Deuxièmement, nous dénonçons le fait que les maisons construites pour le recasement de nos parents ne sont pas appropriées et adéquates, pour ceux qui sont déjà partis. D’autres sont menacés de partir par la force, nous dénonçons cela aussi. Et troisièmement, il y a eu des villages qui vont recevoir d’autres villages mais qui n’ont en quelques sortes rien à bénéficier. Et je vous ai dit à l’entame de mes explications que nous avons constaté que les villages qui sont recasés sont partis à des endroits où ils sont en prison. Ils n’ont pas de l’eau à boire. Ils sont dans des maisons qui sont cloisonnées, qui sont assez restreintes. Nous avons constaté quand on est parti à l’occasion de nos déplacements, nous avons constaté que ces personnes-là sont en train de partager le salon avec leurs brus et leurs gendres. La dernière fois, quand j’étais sur le site, une dame m’a dit : ‘’mon fils, le matin nous sortons de nos chambres, nos serviettes à la poitrine et nos brus aussi sortent de leurs chambres avec nos fils, leurs serviettes aussi à la poitrine… Donc nous voyons des faits de ce genre qui touchent directement à leur dignité et donc vraiment c’est assez », s’insurge-t-il. Poursuivant, Me Oumar Aissata affirme que des engagements ont été pris par les responsables du projet souapiti vis-à-vis des populations. « Ils ont fait signer des documents à nos parents comme quoi ils vont leur donner le paradis céleste. En réalité rien n’est fait quand les gens sont partis sur le terrain. Mais à partir de maintenant nous nous interdisons qu’ils échangent directement avec ces parents, s’ils veulent travailler dans une transparence, nous sommes les fils de ces localités, nous sommes à leur disposition, nous sommes prêts à les accompagner mais autour des communications très claires », précise-t-il, ajoutant qu’ils (fils des localités) souhaiteraient avoir un entretien avec les responsables du projet « On n’en a pas eu. On leur a écrit plusieurs fois. Et je peux rappeler deux fois. Il y a une lettre le 25 juin qui est une lettre de l’Union, il y a une autre qui était partie avant, je me rappelle pas la date mais je les ai avec moi ici. On leur a demandé seulement de nous accorder une audience afin que nous puissions échanger, de préférence dans une grande salle pour que nous puissions au fur et à mesure poser les questions que nous avons et que nous puissions avoir des réponses à donner à nos parents. Parce que les gens ne savent même pas. Certains ne savent pas si nous aussi allons quitter, si nous allons rester, ils ne le savent pas. D’autres savent bien sûr qu’ils vont quitter mais se demandent ce qu’ils vont faire de leurs cultures. Il y en a même qui ont construit et dont les constructions sont partie jusqu’à un niveau. Le projet, en les réinstallant sur un autre site, n’a pas accepté de prendre en compte les chantiers non achevés. Mais c’est grave. Ils ont donné un délai à une localité, notamment Konkouré, de quitter les lieux dans une semaine. Mais, on est en saison hivernale, les gens ont déjà semé des choses, ils n’ont même pas récolté d’abord on leur dit vous devez quitter maintenant, si vous ne quittez pas on va vous faire quitter par la force, voyez-vous? Tout cela va à l’encontre de la dignité humaine », estime Me Oumar Aissata Camara. Au-delà des négociations, l’Union envisage d’autres actions dont un déplacement massif sur toutes les localités en compagnie de la presse. Et également attirer l’attention du président de la République sur leur situation.
Mamadouba Camara
Journaliste du site lefolan.com
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